Retour sur la création du SENIX, premier point d’échange sénégalais

Retour sur la création du SENIX, premier point d’échange sénégalais

Agir pour réduire la fracture numérique : comment France-IX a accompagné la création de SENIX, son homologue sénégalais

Depuis 2015, France-IX, le principal point d’échange Internet (IXP) en France collabore avec les acteurs du numérique sénégalais pour la création et le développement d’un IXP similaire et indépendant à Dakar. SENIX est rapidement devenu l’un des piliers de la souveraineté numérique du Sénégal, ainsi que du développement de son économie et d’Internet dans toute l’Afrique de l’Ouest. Sa genèse illustre les meilleures pratiques à suivre pour favoriser l’essor d’une économie numérique et ainsi consolider l’accès pour tous à un Internet performant, fiable et indépendant.

Comment est né le SENIX, quels défis les acteurs impliqués dans sa création ont-ils rencontrés ? En quoi sa mise en place contribue-t-elle à instaurer un cercle vertueux pour l’ensemble de la chaîne numérique ? Pourquoi l’accompagnement de France-IX a-t-il été déterminant dans l’aboutissement du projet ?

Nous avons recueilli les réponses à ces questions directement sur place en discutant avec les différentes parties prenantes et nous vous offrons en exclusivité les résumés des échanges via 3 courtes vidéos :

RETOUR EN VIDÉO SUR LA CRÉATION DU SENIX ET L’ACCOMPAGNEMENT DE FRANCE-IX :

Les points d’échange Internet permettent à tous les opérateurs, fournisseurs de contenus et de services de réaliser des économies d’échelle en utilisant de la bande passante locale plutôt que de faire appel à des infrastructures de transit international. Ils offrent aux entreprises et aux administrations qui s’y raccordent la possibilité de s’interconnecter et d’améliorer ainsi la vitesse d’accès pour leurs utilisateurs en diminuant le temps de latence. Leur existence même accroît la performance globale d’Internet.

« Le développement des IXP constitue une étape cruciale dans la construction d’un écosystème Internet national durable » souligne Franck Simon, Président de France IX Services. « Leur mise en place dans les pays africains est un pas important vers la promotion d’une croissance économique basée sur Internet et représente un indicateur de l’amélioration du contexte commercial et social ».

« L’histoire de SENIX a commencé en 2012, lorsque l’Union Africaine a demandé à ses pays membres de considérer la mise en place de points d’échange souverains pour améliorer le déploiement et l’accès à l’Internet en Afrique » explique Malick Ndiaye, membre du collège de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes du Sénégal (ARTP). « Cependant, ce premier projet faisait des opérateurs et des pouvoirs publics les détenteurs du point d’échange. Celui-ci est resté au point mort, faute de faire aboutir les négociations avec les opérateurs dont la proposition manquait de neutralité et n’allait pas nécessairement dans le sens d’une meilleure diffusion du contenu et des services. »

À l’époque, un premier échange de compétences avec France-IX a permis d’établir l’importance de constituer SENIX non seulement autour des opérateurs (détenteurs de l’infrastructure) mais également autour des fournisseurs (détenteurs du contenu et des services), et de surcroît sous la forme d’une association garante de la neutralité entre acteurs. Le statut associatif est idéal pour instaurer un rapport égalitaire entre les différentes parties prenantes, pour le bénéfice de chacun.

« Suite à la rencontre avec France-IX, nous avons décidé d’ouvrir le processus de création de SENIX à l’ensemble des acteurs culturels, des producteurs de contenus et des fournisseurs de services. Ce nouvel élan a permis de poser des bases solides pour la constitution de l’association SENIX et de passer à la partie opérationnelle de la construction du point d’échange. La première assemblée générale constitutive a eu lieu en 2015. L’Agence De l’Informatique de L’Etat (ADIE) a alors été désignée comme Présidente du conseil d’administration de SENIX et les travaux d’installation du premier centre ont débuté » raconte Cheikh Bakhoum, Président de SENIX et Directeur Général de l’ADIE.

Suivant les recommandations de France-IX, la construction s’est faite sur un site neutre à Dakar, propriété de SENIX. « Ce site a permis de respecter une certaine équidistance entre les opérateurs et un traitement égalitaire dans la conception technique. Orange, Tigo, Expresso, Arc et Hayo ou encore l’ADIE y sont présents physiquement mais l’infrastructure SENIX reste complètement indépendante. Elle est d’ailleurs classée critique au niveau national et international » rappelle Alassane Blaise Diagne, Conseiller du DG de l’ADIE.

L’interconnexion de ces opérateurs favorise la diffusion et la disponibilité des contenus locaux, produits sur le territoire national. Bocar Kane, membre du conseil d’administration de France-IX jusque septembre 2017 et entrepreneur télécom au Sénégal partage sa vision côté utilisateurs : « Aujourd’hui les bénéfices de SENIX sont indéniables pour l’ensemble des acteurs et consommateurs de l’économie sénégalaise. Pour les entreprises et les particuliers, cela représente plus de débit et moins de latence, des contenus et des services plus accessibles. La possibilité d’échanger du trafic en local au lieu de passer par des câbles sous-marins extrêmement couteux génère un cercle vertueux pour toute la chaîne du numérique, puisque la baisse des coûts engendrée est répercutée jusqu’aux forfaits des utilisateurs finaux. »

Cette amélioration globale du trafic et de l’accessibilité est un pas de plus vers l’exécution du plan numérique Sénégal 2016-2025, qui incarne l’ambition du pays de maintenir une position de leader en Afrique dans le domaine du numérique. En effet, l’un des objectifs de ce plan est que l’ensemble des citoyens bénéficie d’un accès Internet au meilleur prix avec la meilleure qualité possible.

Aujourd’hui, SENIX travaille à son expansion et à son développement commercial. La construction d’un deuxième site est déjà à l’étude pour assurer une meilleure résilience de l’infrastructure et améliorer la connectivité internationale. Sept câbles internationaux majeurs transitent ou aboutissent au Sénégal. Avec SENIX, le Sénégal est capable de rivaliser avec les autres points d’échange d’Afrique de l’Ouest et sera à même de se positionner comme véritable hub de transport du trafic Internet de la sous- région subsaharienne vers le reste du monde.

Grâce à un transfert de compétences et un partage d’expérience, France-IX a permis au Sénégal de se doter d’un point d’échange de classe mondiale pour favoriser la croissance de son économie numérique et le développement d’Internet en Afrique de l’Ouest. France-IX compte poursuivre son programme d’aide à la création de nouveaux IXP en Afrique, une démarche qui a débuté avec la création de CASIX au Maroc, inauguré en 2016. France-IX prévoit désormais d’aider le Congo, un accompagnement qui prend la forme de tutorat, formations, dons d’équipements ou encore d’assistance technique.

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